Quel management spécifique aux réseaux d'indépendants (groupements, franchises, etc.)



Dans nombre de réseaux, après l’enthousiasme du départ, vient le temps des désillusions et du non respect des engagements pris par certains membres : financement contesté, informations non transmises, fournisseurs référencés non suivis, enseignes non conformes, absences aux réunions, perte de vue des objectifs pour des débats permanents sur les moyens. Ces difficultés sont normales, en raison de la nature même des réseaux d’indépendants. Elles trouvent leur origine dans la méconnaissance de leur principale spécificité : ils ne sont ni un syndicat professionnel, ni une entreprise traditionnelle. Le réseau d’indépendants  est une structure économique originale qui a pour objectif à la fois de faire faire du profit à ses membres et d’être lui-même économiquement rentable. Il doit agir aussi efficacement qu’une entreprise, mais sans autorité hiérarchique sur ses membres. Il doit aussi fédérer ses membres comme un Club ou un syndicat professionnel mais qui plus est avoir des résultats économiques comme une entreprise. Que doit-il prendre à l’un et à l’autre ?

 

Comme dans un syndicat les dirigeants sont élus pour leur disponibilité et leur capacité à défendre les intérêts communs. Comme dans un syndicat la qualité du relationnel entre acteurs est fondamentale. Comme dans une entreprise le réseau doit être efficace et profitable.

Mais le réseau a deux autres spécificités :

  • Il doit atteindre un double objectif d’enrichissement, celui de ses actionnaires et celui des actionnaires de ses membres (ils peuvent être les mêmes)
  • Il doit conserver ses membres, car contrairement à un syndicat ou une entreprise le départ de l’un d’entre eux affaibli presque toujours le réseau.

Comment sortir de ces contradictions ?

Dans un réseau d’indépendant l’autorité hiérarchique est remplacée par l’enthousiasme et la foi dans le projet commun, confortés par des résultats incontestables

« Celui qui veut trouve un moyen,
Celui qui ne veut pas trouve une raison »

Pour y arriver il faut savoir mettre en œuvre la « DEMOCRATURE » : instaurer les plus larges débats et obtenir un très large consensus avant les décisions (démocratie) et ensuite appliquer la dictature de l’engagement pris.


Pour ce faire six bonnes pratiques de management ont été progressivement identifiées


Bonne Pratique N°1 : Le réseau sélectionne et rassemble des membres qui  prouvent leur volonté de développement et la conformité de leurs intérêts avec les actions communes.

Bonne pratique N°2 : Pour durer, le réseau à besoin d’un élément rassembleur qui est indispensable à ses membres.
Par exemple : un projet partagé, des avantages économiques inaccessibles individuellement, un drapeau à défendre, un leader charismatique, une innovation, la constitution d’un patrimoine commun, etc.


« Il n’y a pas de vent favorable, pour qui ne connaît pas son port »
Sénèque



Bonne Pratique N°3 : Le réseau doit se donner les moyens de ses ambitions.


Il faut définir un modèle économique rentable à tous les niveaux et des règles du jeu humaines assorties d’incitations et de reconnaissance.

Bonne pratique N°4 : La réalisation du projet commun doit faire l’objet d’un plan d’action définit collectivement.
Il constitue la base de l’organisation du réseau. Il  précise et planifie dans le temps les actions à réaliser, les moyens à mettre en œuvre  et les responsabilités.
C’est le moment privilégié de la démocrature. L’appropriation et la signature du plan par l’ensemble des membres du groupe est fondamentale. Sans engagement formel il n’y aura pas de suivi concret dans les entreprises adhérentes


Bonne pratique N°5 : Chaque membre du réseau doit avoir un plan de participation individuel pour intégrer, à son rythme, les éléments du plan d’action collectif, en tirer profit et mesurer ensuite les bénéfices qu’il en tire


  1. Le premier rôle du réseau est de construire avec les membres le plan que l’Assemblée Générale discute et approuve en dernier ressort à la quasi unanimité.
  2. Le deuxième rôle du réseau  est d’exécuter sa part du plan et aussi de soutenir ses membres dans leurs actions individuelles.
  3. Le troisième rôle du réseau est de mesurer les résultats en permanence pour savoir si le groupe évolue favorablement et de vérifier que chacun tient bien ses engagements.


Bonne pratique N°6 : Le réseau a besoin d’une équipe de leaders, solidaires et exemplaires. Cette équipe est régulièrement renouvelée. Les structures opérationnelles doivent être légères et échapper aux influences individuelles.


Chacune de ces bonnes pratiques, est assortie de savoir-faire opérationnels. Pour gagner
du temps et de l’efficacité, il est recommandé de rencontrer ceux qui réussissent en les
utilisant et ensuite de les adapter à chaque situation.

« L’individualisme est l’ennemi de l’indépendance »
Michel-Edouard LECLERC